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   Le Lycée Maréchal Ney de Sarrebruck (page en langue française)

 

Le Collège Maréchal Ney / Marschall-Ney-Schule

 

aujourd'hui : Lycée Franco-Allemand (LFA)/ Deutsch-Französisches Gymnasium (DFG)

 

Par Rainer Freyer. Traduction du texte : François Moisy

 

 

Südfassade und Schulhof der Schule.

Façade sud et cour de récréation de l'école. (Photo extraite de: 5 Jahre Bauen an der Saar, Mai 1952, p. 40. [23])

 

Ceci est la version française de notre page sur le Lycée Maréchal Ney  >vers la version allemande (zur deutschen Fassung der Seite)

 

Chers anciens élèves du Lycée: Si vous trouvez que quelque chose dans ce chapitre ne correspond pas à vos expériences de l'époque, ou si vous avez encore des informations complémentaires, écrivez-nous s.v.p. > Contact

 

Une liste de toutes les pages de ce site en langue française ou bilingues se trouve sur la page Français.

Trouvez ici les souvenirs et faits marquants rapportés par un groupe d'anciens amis, élèves du Lycée.

 

 

MERCI !

 

 

 

Un grand merci à toutes les personnes qui ont aidé avec leurs informations, photos etc. à rédiger cette page.

Voilà les noms de quelques-unes de ces personnes :

Annemarie Brienne, François Touret, Jean-Gérard Robichez, Dieter Siekmann, Anne E. Fagherazzi, Michael Holzhauser

et d'autres membres du forum "Potes des écoles françaises de Sarrebruck". Rolf Wittenbrock, Jean Kind, Hans Bächle.

 

 

Contenu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1a)  Après la guerre, des écoles françaises furent créées en Sarre.

       

  b)  Des élèves sarrois étaient aussi admis dans les écoles françaises

       

 

2)  Le collège Maréchal Ney fut la seule école française en Sarre complétée par un lycée

 

  a) Bref aperçu de l'évolution du Collège/Lycée Maréchal Ney de Sarrebruck

     

  b)  Les raisons de la dénomination du Collège/Lycée Maréchal Ney

       

  c)  Progression du nombre d'élèves du Lycée de 1945 à 1954

       

  d)  L'histoire du lycée de 1945 à 1956

 

  e)  La cérémonie d'inauguration des nouveaux bâtiments Halbergstraße 112 le 7 novembre 1949

       

   f)  L'enseignement  au Lycée pour les élèves français et sarrois

      

  g)  Pourquoi bon nombre de parents sarrois ont inscrit leurs enfants au lycée français

 

  h)  Quelques remarques sur l'architecture des bâtiments dans la Halbergstraße

 

   i)  Points divers de la vie scolaire

 

       A) La direction du lycée en 1950   -  B) L'infirmerie

       C) La vie artistique  -  D) Le sport  -  E)  Photo de classe de 1956  -  F)  Bal de la Saint Charlemagne

 

3a) 1957 à 1961: Les années d'incertitudes du lycée après le refus du statut de la Sarre par les Sarrois

 

  b) De 1961 à aujourd'hui: Lycée Franco-Allemand (LFA) / Deutsch-Französisches Gymnasium (DFG)

 

Annexe :  Organisation des études au Lycée Maréchal Ney entre 1946 et 1959

 

 

 

Pour information : Les notes du texte se trouvent au bas de cette page, tout à la fin.

 

 

 

1a) Après la guerre, des écoles françaises furent créées en Sarre

 

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Américains occupèrent brièvement les territoires allemands de la rive gauche du Rhin, la Sarre comprise (voir Histoire). Mais au bout de peu de temps, la France obtint des États-Unis cette zone d'occupation. En conséquence, à partir du 10 juillet 1945, les troupes d'occupation françaises entrèrent sur le territoire sarrois.Plus tard, des fonctionnaires et des employés français occupèrent de nombreuses fonctions dans le gouvernement militaire, dans l'administration française des houillères de la Sarre, ainsi que dans l'industrie et le commerce.

 

C'est ainsi que, progressivement, de plus en plus de familles françaises s'installèrent dans notrepays. Leurs enfants d'âge scolaire devaient suivre l'enseignement à proximité de leurs lieux d'habitation. Ils ne pouvaient pas fréquenter les écoles allemandes, ne maîtrisant pas la langue. Il était donc urgent de mettre en place un système scolaire français. La première école primaire française fut créée dès octobre 1945 à Sarrebruck, cinq mois seulement après l'entrée des troupes françaises en Sarre. Le 1er décembre 1945, elle reçut le nom de Collège Maréchal Ney (pour une description détaillée de cette école et de son développement, cf paragraphe 2d.)

 

 

Des écoles maternelles faisaient partie intégrante de la plupart des écoles françaises. (Photos extraites de [11]

 

Dans le reste de la Sarre, de nombreuses autres écoles primaires françaises furent fondées. Elles comportaient de une à cinq classes et comprenaient – comme les écoles de France – six niveaux (de la 12e à la 7e, classe de fin d'études primaires). Le nombre d'écoles et d'élèves crût rapidement au cours de l'année. À la fin de 1946, il y avait 14 écoles primaires françaises dans le pays, fréquentées par 652 élèves au total [1]. En 1948, on comptait 19 écoles [2] et, en 1955, 21 écoles et en tout 2 800 élèves. [3].

 

À cette époque, juste après la guerre, les débuts furent difficiles, tant pour les enseignants que pour les élèves. On manquait de combustible pour le chauffage, aussi bien que de manuels et de fournitures scolaires. Les effectifs d'élèves augmentaient rapidement, du fait de l'arrivée de nombreux Français en Sarre, d'où un afflux croissant d'enfants dans les écoles françaises.

 

Liste des écoles françaises en Sarre, à jour pour 1954-1955 (avec leurs adresses [3a], lorsqu'elles sont connues) :

 

Les écoles dans les localités soulignées scolarisaient en moyenne environ 100 enfants pour 4 à 5 classes. Ces écoles étaient les seules autorisées, à partir d'octobre 1947, à accueillir aussi des élèves sarrois (voir plus bas). Les autres écoles n'avaient généralement qu'une classe (Sankt Arnual et Merzig en avaient deux) de 10 à 20 élèves [4].

 

Dillingen*) (Neuschloss), Dudweiler (Neuhauser Weg 2), Homburg (Untere Allee 71), Merzig (Parkstr. 40), Mettlach, Neunkirchen (Gerichtsstraße 4), Sarrebruck (au sein du Collège Maréchal Ney et à Sankt Arnual, Saargemünder Straße 95), Sarrelouis (Rue du Maréchal Ney 8), Sankt Ingbert (Kaiserstraße 1), Sankt Wendel (Balduinstraße 59), Sulzbach (Beethovenstraße 17) et Völklingen (Püttlinger Straße et/ou ? Stadionstraße), ainsi que, principalement pour les enfants des douaniers français, dans les localités frontalières de Einöd (Alter Bahnhof), Freisen, Jägersburg (Schulstraße), Nennig, Nohfelden (Schulstraße), Nonnweiler (Hauptstraße), Saarhölzbach, Wadern et Weiskirchen.

 

*) L'école de Dillingen et le Lycée franco-allemand de Sarrebruck (v. paragraphe 3b) sont les seules écoles françaises de Sarre encore en fonctionnement; elles entretiennent des relations étroites l'une avec l'autre.

 

Une autre école primaire française existait à Sarrebruck, dans la Feldmannstraße 72. C'était l'École du Cdt. R. Paynel. Le bâtiment comportait, dans la cour, un préau très haut dans lequel les élèves jouaient avec des murmures irrités pendant les récréations. Quand au préau c'était plutôt une source d'amusement, car la grande distraction des écoliers était se sauter du préau vers la cour en se servant du garde-corps. Peut-être que les institutrices n'appréciaient pas ce genre d'acrobatie. Les enseignants étaient des femmes (Mme Marescaux, Mme Caillat, Mme Robiole; et la directrice Mme Bettencourt), à l'exception d'un instituteur sarrois qui enseignait l'allemand. Il n'avait qu'un bras (probablement une blessure de guerre) et portait la plupart du temps un pardessus de cuir noir. Il maîtrisait à la perfection la conduite de sa Peugeot 203 noire avec son bras unique. (Source: Souvenirs de Patrick Bach et deux autres témoins de l'époque.)

 

Une petite histoire que nous raconte Patrick Bach: À un moment nous avons habité Gärtnerstraße et pour nous rendre, ma soeur et moi, à l'école Feldmannstraße, nous prenions le trolleybus jusqu'en bas de la Feldmannstraße. Il y avait parfois une remorque et mon grand plaisir était de monter dedans et d'appuyer lors des arrêts sur le bouton, pour indiquer au conducteur qu'il pouvait démarrer. Evidemment avec l'autorisation et sous la surveillance du contrôleur.

 

 

1b) Les élèves sarrois étaient aussi admis dans les écoles françaises

 

Dès le 5 février 1946, le conseil de gouvernement émit un décret stipulant que les élèves allemands avaient également le droit de fréquenter une école française sur le territoire sarrois [5]. Un décret suivant (du 10 avril 1946) précisa que les parents d'un élève sarrois qui entendait fréquenter une école française étaient tenus de faire une demande écrite auprès de l'école concernée. L'établissement devait faire suivre la requête pour approbation au département de l'éducation du gouvernement militaire. Sitôt que celle-ci était obtenue, l'élève sarrois était autorisé à « quitter l'enseignement sarrois pour aller à l'école française ». De plus, les parents devaient informer l'école sarroise de l'agrément donné à leur demande de changement.

 

(Ce qui est intéressant, dans le deuxième décret, c'est qu'on mentionne les « élèves sarrois », alors que, dans la première ordonnance, il était question « d'enfants de nationalité allemande ».)

 

Dans les paragraphes 2f et 2g, on pourra lire de façon détaillée de quelle manière les élèves sarrois participaient à l'enseignement du Lycée Maréchal Ney et quelles réactions suscitait dans le pays cette possibilité de scolarisation hors du « parcours scolaire normal. »

.

 

2)  Le collège Maréchal Ney fut la seule école française en Sarre complétée par un lycée

 

 

 

2a)  Bref aperçu de l'évolution du Collège/Lycée Maréchal Ney de Sarrebruck

 

(Une description plus complète de l'établissement et de son histoire suit au paragraphe 2d.)

 

Le 5 Décembre 1945, le gouvernement militaire français fonde le Collège Maréchal Ney au coin de la Mainzer Straße et de Am Kieselhumes.

 

Le 1er août 1947, l'école prend le nom de  Lycée Maréchal Ney.

 

Le 1er octobre 1947, l'établissement devient officiellement un Lycée français à l'étranger

 

De 1949 à 1954 se poursuivit la construction du nouveau bâtiment dans la Halbergstraße d'après les plans de l'architecte Lefèvre (cf paragraphe 2h).

 

Le 7 novembre 1949, la partie achevée des bâtiments est inaugurée par Johannes Hoffmann et Gilbert Grandval (cf paragraphe 2e).

 

En 1953/1954 fut édifiée une aile à quatre étage en retour, qui avait, elle aussi, été dessinée par Lefèvre. De plus, on construisit, dans le domaine scolaire, un grand gymnase, le nouvel internat de garçons, ainsi qu'un bâtiment abritant les logements du personnel administratif.

 

À la suite du refus du statut de la Sarre par le référendum du 23 octobre 1955, le Lycée est menacé de fermeture.

 

Après l'incorporation de la Sarre à la RFA, à partir de l'été 1959, des négociations entre la France et la Sarre furent entreprises concernant un enseignement dans un établissement bi-national.

 

Le résultat des négociations permit la fondation, le 5 septembre 1961, du Lycée franco-allemand de Sarrebruck (Deutsch- Französisches Gymnasium Saarbrücken) dans les locaux du Lycée Maréchal Ney. L'inauguration officielle eut lieu le 25 septembre 1961 (cf paragraphe 3).

 

 

 

2b) Les raisons de la dénomination du "Collège/Lycée Maréchal Ney"

        (Texte de Rolf Wittenbrock)

 

Il n'existe pas d'informations sûres concernant les motifs qui menèrent au choix de cette appellation, mais il paraît évident que le gouvernement militaire français, en choisissant ce nom, avait voulu rappeler un temps de bonne entente franco-sarroise. Le futur maréchal Ney, originaire de Sarrelouis, était officier au service de la France ; il était un fidèle compagnon de chevauchée de Napoléon et avait reçu de lui le titre honorifique de « Brave des braves ». Cette dénomination pour un établissement scolaire peut être interprétée comme l'expression d'un programme pour fixer les relations culturelles et politiques entre la puissance occupante et la Sarre.

 

Cela apparaît clairement à l'occasion d'un événement spectaculaire ultérieur consistant à chercher à remémorer le souvenir de ce Sarrois patriote condamné à mort: sur la Vaubaninsel (île Vauban), à Sarrelouis, un monument en l'honneur du maréchal fut érigé, qui fut inauguré par le commandant en chef des troupes françaises en Allemagne, le général Koenig, le 19 mai 1946. Ce rappel habile des bonnes relations culturelles et politiques entre Sarrois et Français, favorisées par le gouvernement militaire, trouvait une force particulièrement convaincante à travers la personnalité du maréchal Ney ; il s'exprima dans l'émission d'une série de timbres, sur lesquels figuraient, entre autres, le monument au maréchal Ney [7].

Michel Ney est né en 1769 à Sarrelouis. Il est facile de localiser sa maison natale, dans la vieille ville une plaque signale l'événement. Cette maison se trouve

 dans la Bierstraße, au 13, et abrite aujourd'hui une  "Auberge und Restaurant".  -  La plaque, à droite,  indique les grandes dates de sa vie.

Photos: Monument (en haut à droite) extraite d'une brochure des années 50; photos couleur: Rainer Freyer 2010.

 

 

2c)  Progression du nombre d'élèves du Lycée de 1945 à 1954

 

Année
solaire

Élèves
(total)

Dont
Sarrois

1945

194

(9)

1946/47

382

17

1947/48

602

92

1948/49

736

251

1949/50

985

446

1950/51

1279

645

1951/52

1412

728

     (Photo extraite de "L'enfant et nous" [8])

 

Durant l'année scolaire 1952-1953,

le nombre total d'élèves se montait à 1 620,

dont 760 Français et 860 Sarrois

780 filles et 840 garçons,

1 060 élèves du premier degré et 560 du secondaire

250 internes, 250 demi-pensionnaires, 1 100 externes

 

1952/53

1620

860

1953/54

?

700

Les chiffres fournis varient légèrement

d'une publication à l'autre.

 

 

2d)  L'histoire du collège / lycée de 1945 à 1956

 

Cette histoire du lycée se fonde partiellement sur la brochure de Rolf Wittenbrock, publiée en 1986, à l'occasion du 25e anniversaire de l'existence du Lycée franco-allemand [9]. Malheureusement, jusqu'à maintenant, on n'a trouvé en Sarre aucun document provenant de l'administration du lycée, pas plus que de compte rendu d'activités. Ces documents sont sans doute dispersés dans les archives françaises. On a donc dû s'appuyer sur les maigres ressources des Archives sarroises, sur quelques extraits de journaux et sur l'ouvrage de Heinrich Küppers concernant la politique éducative sarroise [10]. Nous avons trouvé d'autres informations dans une brochure de la Mission diplomatique française en Sarre, datant de 1953 et concernant le lycée [11] ; grâce aussi à la récente découverte d'un article de périodique français de 1953 du proviseur de l'époque, M. Bourgeois [12]. Et nous sommes également redevables à des récits personnels d'anciens élèves du lycée et à des documents soigneusement préservés.

 

Dans le paragraphe 2a, nous avons indiqué pourquoi, en 1945, il était indispensable d'établir des écoles françaises en Sarre. La première fut créée à Sarrebruck en octobre 1945 comme école primaire. Pour ce faire, on utilisa les locaux de ce qui s'appelait à l'époque Bismarckschule (depuis 1956 elle s'appelle Schillerschule), Schillerstraße 16, entre les débouchés de la Rosenstraße et de la Karlstraße. En face, se trouvait alors la Villa Rexroth (Schillerstraße 13), dans laquelle la présidence du gouvernement, la commission administrative et, à partir de 1947, le gouvernement sarrois, avaient leur siège. (Voir l'extrait de plan, en-dessous.)

La cantine de l'école française se trouvait au rez-de-chaussée de la Villa Rexroth ; les demi-pensionnaires y prirent leur déjeuner jusqu'en 1947. Les cartables restaient dans l'école [13]. Au bénéfice de quelques classes, on utilisa des locaux d'un bâtiment situé derrière l'école (Karlstraße 1, aujourd'hui Saarländisches Künstlerhaus/Maison des artistes sarrois). [14](Photo: Jean Kind.)

 

Illustration de gauche : Sur cet extrait de plan, la Bismarckschule figure en vert. De la fin de 1945 à la fin de 1946, les 9e et 8e (CE2-CM1) étaient logés dans deux baraquements de bois (bungalows, aussi en vert). Ils étaient bâtis sur la pelouse de la Villa Rexroth. (Dessin : Jean Kind)

Informations sur les dénominations des bâtiments et des rues : Dans les années 1950, il y eut des changements et des interversions de noms. La rue qui s'appelait autrefois Schillerstraße est, depuis à peu près 1956 Bismarckstraße. L'école portait l'ancien nom de Bismarckschule jusqu'au début des années 1950 [15]. Elle prit alors celui de Schillerschule [16]. À ce sujet, voir ici. - La Schillerschule abrite aujourd'hui la collection d'instruments de musique du Conservatoire de musique (Hochschule für Musik (HfM), situé juste en face ; jusqu'à 2007 environ, s'y trouvait les anciennes collections du Musée de la Sarre (Saarland-Museum).

 

Le 5 décembre 1945, l'école prit le nom de Collège du Maréchal Ney (plus tard, on omit le "du"). Rapidement il fallut prévoir de nouveaux espaces scolaires ; on exploita l'immense domaine de l'ancienne caserne de Uhlans, entre la Mainzer Straße, la rue Am Kieselhumes et la Halbergstraße. En premier lieu, on utilisa une partie de la caserne, laissée en l'état, à l'angle Mainzer Straße/Am Kieselhumes. L'adresse était Mainzer Straße 136.

 

Photo: Voici à quoi ressemble le bâtiment aujourd'hui. Il sert aux besoins de la police, comme la plus grande partie de l'esplanade des Uhlans. (Photo: R. Freyer, 2010).

 

La Bismarckschule n'avait pourtant pas perdu sa fonction d'école française ; elle fut utilisée encore quelques années. D'abord, dans les deux bâtiments du collège, se trouvaient uniquement les classes de 11e et 12e (CP et CE1), qui n'étaient fréquentées que par peu d'enfants de 5-6 ans. On dit qu'au début il n'y eut que sept élèves accueillis [17]. Mais dès le 4 janvier 1946, 124 élèves fréquentaient l'établissement. Ils se répartissaient sur toutes les classes d'âge et tous les niveaux scolaires, de la 11e à la 1re [18]. Les élèves sarrois n'étaient pas encore admis. Durant les deux trimestres suivants, furent entrepris, dans des conditions souvent difficiles, les indispensables travaux de construction. En octobre 1946, on adjoignit un internat au collège; il fut pour peu de temps installé au voisinage des militaires français, dans la caserne de la Hellwigsstraße, puis dans la deuxième caserne des Uhlans, dans la Mainzerstraße.

 

En octobre 1947, le collège fut transformé officiellement en un Lycée français à l'étranger [19]. Pour la première fois, 92 écoliers sarrois furent admis à suivre l'enseignement (cf paragraphes 1b et 2f). L'effectif des élèves augmenta tant qu'on compta, en 1947, jusqu'à 43 élèves par classe. Progressivement, l'espace se réduisait et le lycée s'efforçait de trouver à louer des locaux adaptés à proximité de l'établissement, dans la Im Mainzer Straße [20]. Dans ces premières années, le proviseur était Pierre Sorand [21].

 

 

L'illustration montre l'ensemble des bâtiments, suivant les plans de l'architecte Lefèvre. La plupart des élèves du LFA doivent la connaître, car elle est affichée dans le couloir à côté du bureau du directeur.

(Reproduction et mise en forme; R. Freyer. 2010.)

 

 

L'accord culturel franco-sarrois du 15 décembre 1948, stipulait explicitement la garantie du maintien et du développement de l'enseignement français en Sarre (article 20) ; en conséquence, s'ouvrait un avenir sûr permettant une extension du lycée correspondant à ses besoins.

 

À la suite de cela, on entama, en trois tranches, la construction de plusieurs bâtiments neufs, grands et modernes, en suivant les plans de l'architecte Lefèvre (cf paragraphe 2h), sur le côté opposé de l'ancienne esplanade des Uhlans, donc le long de la Halbergstraße.

 

En premier lieu fut édifié un grand bâtiment neuf de 110 mètres de long, aux lignes modernes et harmonieuses. Le terrain incluait, avec la cour de récréation et un grand terrain de sport, une superficie de près de 3 hectares. En octobre 1949, toutes les classes primaires, les classe de filles de niveau collège et l'internat des filles emménagèrent dans le nouvel édifice.

 

On installa aussi une école maternelle pour les enfants français et sarrois de 3 et 4 ans. Les classes furent nommées M1, M2 und M3. De 1950 à 1956, les enseignantes maternelles étaient Mme Revert, Mme Sevrin, Mlle Limelette, Mme Mayer und Mme Chossat. (Source: les palmarès de ces années).

Le 7 novembre 1949, le bâtiment de la Halbergstraße fut solennellement inauguré (cf paragraphe 2b). Les garçons des classes secondaires demeurèrent temporairement (certains jusqu'en 1954) dans le bâtiment au coin de la Mainzer Straße, et l'internat des garçons fut transféré dans la Bismarck- schule.

 

Dans une deuxième tranche, fut édifié sur le terrain un internat de garçons vaste et confortable (ill. à gauche). Il offrait 160 places et fut mis en service le 1er janvier 1953 [22].

La troisième tranche comprenait une aile de quatre étages en équerre par rapport au premier bâtiment, sur son flanc Est (photo à droite). Elle était prévue pour les classes d'externat du secondaire et fut achevée en 1954. Ce bâtiment était aussi dû à l'architecte Pierre Lefèvre.

 

(Six photos extraites de [11].)

Ainsi le lycée avait une capacité totale d'accueil de 2 000 élèves, dont 300 internes et 300 demi-pensionnaires (cf Bourgeois p.2). L'établissement comprenait une école maternelle ainsi que la totalité des niveaux primaires et secondaires. Il était devenu un lycée français complet avec internat et enseignement primaire annexé [23].

 

Les internats comprenaient des foyers avec jeux, disques et radios. Une fois par semaine, les élèves pouvaient aller en groupe au théâtre, au concert ou au cinéma, ou encore utiliser l'atelier de pyrogravure. Chaque mois avait lieu une excursion avec visite de diverses institutions du pays [24]. D'anciens internes racontent qu'ils bénéficiaient de très peu de liberté et que – comme c'était l'usage dans toutes les écoles françaises – ils étaient soumis à une discipline très stricte. A droite: Les tarifs de l'internat en 1958 : 33 000 F, ce qui correspondait à environ 280 DM – pas bon marché pour l'époque !

 

Le Foyer des filles                                     Lavabos des garçons                                        Foyer des garçons

 

 

2e) La cérémonie d'inauguration des nouveaux bâtiments Halbergstraße 112 le 7 novembre 1949

 

 

Le nouveau bâtiment du Lycée Maréchal Ney dans la Halbergstraße, à Sarrebruck entre en service, lundi 7 novembre 1949. À la célébration participaient Gilbert Grandval, haut-commissaire, Johannes Hoffmann, ministre-président, Peter Zimmer, président de l'assemblée du Land et maire,  >>

Michael Schulien, Visiteur apostolique pour la Sarre, ainsi que le proviseur du Lycée, M. Bourgeois. Le ministre des cultes, Emil Straus, accompagné par une délégation sarroise, était en voyage officiel à Paris ; il était représenté par M. Burghardt, inspecteur principal de l'enseignement (Oberschulrat).

 

Arrivée des invités. Le drapeau sarrois flotte sur le bâtiment scolaire (en haut, à droite).
Les armoiries de la Sarre sont apposées au mur extérieur.
(Toutes les photos de la cérémonie d'inauguration : Collection François Touret.)

 

   

  (probablement) Michael Schulien,      Grandval et le proviseur Bourgeois            Grandval s'adresse aux invités. Derrière lui, sur le mur

     Visiteur apostolique en Sarre                                                                                    le drapeau tricolore (au milieu) sarrois.

 

Le nombre important des invités et le contenu des discours manifestaient clairement les objectifs de la politique culturelle de la France en Sarre et insistaient sur l'importance politique de la mission éducative de l'école. Grandval précisa que le but ultime de l'étroite collaboration franco-sarroise dans les domaines de l'éducation et de la culture était, pour l'avenir, de parvenir à une coopération en matière de politique éducative pour l'ensemble de la jeunesse européenne et, plus tard, pour la jeunesse du monde entier [25].

 

 

  Deuxième à partir de la gauche : Gilbert Grandval, au milieu (en manteau             Grandval s'exprime devant une classe. Deux élèves

    de fourrure) Mme Grandval. Plus loin à droite : Johannes Hoffmann.                      semblent plus intéressées par le photographe.

 

Le lendemain on pouvait lire, entre autres choses, dans la "Saar-Volksstimme" :

 

« Dans les allocutions, on a indiqué que cette école franco-sarroise devait servir au destin commun des Sarrois et des Français. Elle a également ouvert ses portes aux enfants sarrois. Les garçons et les filles de Sarre qui apprennent et travaillent aux côtés d'écoliers français ont l'occasion de s'en rapprocher et de se comprendre. Près de la moitié du millier d'élèves sont sarrois. Le moment crucial de l'inauguration du nouveau bâtiment, célébrée par les chants des élèves, fut l'allocution du haut-commissaire. Elle soulignait, parmi d'autres thèmes, que les classes du lycée franco-sarrois sont remplies d'enfants français et sarrois qui sont unis dans une camaraderie spontanée née au sein d'une même communauté. »  [26]

 

   

               Maxime Bourgeois, proviseur             Le Haut Commissaire Grandval en uniforme         Probablement M. Burghard, inspecteur      

principal de l'enseignement                

 

  

 Vaste auditoire dans la salle des fêtes. Au 1er rang ont pris place les personnalités ; derrière, des professeurs, des parents, des élèves écoutent attentivement. La salle était ornée de drapeaux français et sarrois.

 

  

Le chœur mixte des élèves interprète un chant. - Illustration de droite : Johannes Hoffmann et Grandval rendent visite à Françoise Neyret, professeur de mathématiques, dans sa classe. D'anciens élèves gardent encore d'elle un bon souvenir, car c'était un bon professeur. Elle est décédée en janvier 2012 à Grenoble, à 88 ans environ. (Communiqué par Jean Kind.)

 


 

 

2f)  L'enseignement au lycée pour les élèves français et sarrois

 

 

Comme dans toutes les écoles de France, le personnel du lycée était composé de Français. Suivant le système français, l'enseignement était donné durant toute la journée. La fin des cours avait lieu à 16h15; le jeudi était libre, les installations sportives étant éventuellement réservées aux internes l'après-midi. L'enseignement était donné en français et suivait les programmes français [27].

 

L'examen d'entrée en 6e, le Certificat d'Études primaires, et le B.E.P.C. pouvaient être passés à Sarrebruck. En revanche, pour l'écrit du baccalauréat, il fallait se rendre au Lycée Pange, à Sarreguemines, et pour l'oral voyager jusqu'à Strasbourg. Ainsi qu'il est d'usage en France, les corrections n'étaient pas effectuées dans l'établissement.

 

Comme il a été indiqué dans le paragraphe 1b, les élèves sarrois étaient également admis au lycée. (Les raisons pour lesquelles les parents y inscrivaient leurs enfants, cf. paragraphe 2g.) C'est pourquoi il était sans importance qu'ils aient ou non appris le français préalablement. Les Sarrois dépourvus de connaissance du français, ou dont les connaissances étaient limitées, étaient admis dans des classes parallèles au classes entièrement françaises ("6e, 5e et 4e sarroises" ; en allemand: Sexta, Quinta und Quarta). Même dans ces classes dites "spéciales", l'enseignement était donné, dès le jour de la rentrée, en langue française, mais par des enseignants qui possédaient de solides compétences en allemand. Seuls les cours d'allemand et de culture régionale (Heimatkunde) étaient donné en allemand. Pour combler leurs lacunes en français, les Sarrois avaient 10 à 12 heures supplémentaires de cours de français par semaine. En compensation, les horaires d'histoire, géographie et sciences naturelles étaient diminués [28]. Dès que leurs compétences en français le leur permettaient, les élèves sarrois étaient admis dans la classe intégralement française correspondant à leur âge. Cela pouvait se produire au bout d'un an, pour la plupart au bout de deux années, pour quelques-uns seulement au bout de trois ans. Les rares élèves qui n'atteignaient pas le niveau requis en français devaient quitter le lycée.

 

Le fait que la plupart des élèves sarrois aient satisfait aux exigences de l'école, malgré toutes les difficultés qu'ils avaient à affronter, est à porter à leur crédit. Grâce à une volonté de fer, peut-être aussi sous la pression de leurs parents et de la stricte discipline de l'établissement, nombreux furent ceux qui achevèrent leur scolarité avec succès. Ils devaient probablement travailler plus dur que leurs camarades fréquentant les écoles sarroises. Toutefois les enseignants aussi partageaient ce fardeau : ils travaillaient souvent sans manuels et devaient se procurer par eux-mêmes le matériel pédagogique. Dans le cours ultérieur de leur vie, les élèves ayant réussi leur parcours bénéficiaient d'une culture étendue et d'un parfait bilinguisme.

 

Cela vaut aussi pour les élèves français, avec une petite restriction. Ils n'étaient pas soumis, comme leurs condisciples sarrois, à des cours intensifs dans l'autre langue, mais seulement à quatre heures hebdomadaires d'allemand, approximativement le même régime que leurs camarades de France. C'est pourquoi il était fréquent qu'ils n'atteignent pas une même compétence bilingue que les Sarrois. Malgré tout, plusieurs d'entre eux y parvenaient, ce qui était dû soit à ce que leurs parents étaient binationaux, soit au fait qu'ils jouaient souvent dans la rue avec des enfants allemands.

 

Le lycée n'était pourtant pas, comme l'est le futur (et actuel) LFA/DFG, une vraie « école transfrontalière de compréhension franco-allemande », avec des cours en allemand aussi bien qu'en français (cf chapitre 3). C'était bien plutôt un établissement purement français dans lequel étaient intégrés des élèves sarrois grâce à des cours intensifs de français. C'est à l'occasion de l'inauguration de 1949 qu'on employa l’appellation "Lycée français-sarrois Maréchal Ney". Mais elle ne put jamais s'imposer et ne fut plus jamais utilisée officiellement. On peut y voir une preuve que ni la direction d'établissement ni le corps enseignant n'étaient à l'époque acquis à l'idée de transformer une école française en une école biculturelle [29].

 

Malgré tout, des liens étroits d'amitié se manifestèrent fréquemment entre les élèves français et leurs camarades de classe sarrois. Ils durèrent longtemps après leur vie scolaire ; parfois même ils se maintiennent jusqu'aujourd'hui. Ainsi quelques-uns d'entre eux participent à un forum sur Internet, créé par Annemarie Brienne, "Potes des écoles françaises de Sarrebruck" (http://potesdesarrebruck.xooit.fr). De nombreux anciens échangent les souvenirs de leur vie au lycée. Le forum n'est accessible qu'à des participants identifiés. Les conditions : être né entre 1944 et 1955 et avoir été élève d'une école française de Sarre. Il existe aussi une « Association des anciens élèves et enseignants du Lycée franco-allemand », dont la direction se compose de  François Touret, Eva-Maria Dorscheid et Anne E. Fagherazzi.

 

Les illustrations de ce paragraphe 2f (de haut en bas) : Dans les locaux de la Halbergstraße : Une salle de travaux pratiques. - La cuisine. - Un réfectoire. Photos tirées de la brochure [11]


 

 

2g)  Pourquoi de nombreux parents sarrois ont envoyé leurs enfants au lycée français

 

Sur ce sujet on ne peut qu'émettre des hypothèses. Le lycée offrait des avantages que les écoles sarroises ne pouvaient pas proposer :

- enseignement durant toute la journée, avec étude l'après-midi

- maintien des enfants dans le même établissement, sans changement, de l'école maternelle au baccalauréat

- enseignement intensif et simultané en deux langues, cours en français dans toutes les matières au plus tard à partir de la 3e, d'où acquisition d'un solide bilinguisme

- baccalauréat permettant l'accès à l'enseignement supérieur sarrois et français, ainsi qu'à celui d'Allemagne, sans épreuves complémentaires.

 

Toutefois, quelques éléments ont certainement dû guider certains parents dans leur choix du lycée comme école pour leurs enfants :

 

Alors que l'enseignement en Sarre autonome était, dès l'origine, fortement teinté de confessionnalisme, le système français était traditionnellement laïque. Le lycée de Sarrebruck l'était également. Ce qui voulait dire que l'enseignement de la religion occupait une bien moins grande place que dans les autres écoles et qu'il n'y avait pas d'influence cléricale dans les programmes ni dans la vie de l'établissement. Alors que le ministre des cultes sarrois Straus (CVP, Christliche Volkspartei = Parti populaire chrétien) combattait la naissance de tendances à la sécularisation dans les écoles publiques, il ne pouvait rien faire dans le lycée : il était obligé d'y laisser subsister l'orientation laïque de l'enseignement. Les parents sarrois qui voulaient éviter – quelles qu'en aient été les raisons – l'enseignement teinté de religion des écoles confessionnelles trouvaient dans l'inscription de leurs enfants à l'école française un moyen légal d'y parvenir.

 

Cette possibilité provoqua des protestations véhémentes, particulièrement dans le monde religieux. Car cela contredisait ouvertement le principe de l'école confessionnelle explicitement inscrit dans la constitution de la Sarre. Une grande partie du corps enseignant catholique sarrois rejeta le lycée. Les autorités se trouvaient mises dans une situation embarrassante : d'un côté le principe de l'enseignement confessionnel était inscrit dans la constitution, d'un autre côté il fallait mettre en évidence le lien étroit entre la Sarre et la France. La possibilité, ouverte à tous, de fréquenter les écoles françaises parut un moyen adapté [30]. La proportion des élèves qui échappèrent ainsi aux écoles confessionnelles resta très limitée. Seuls environ 1 % de tous les élèves sarrois étaient inscrits dans une école française [31].

 


 

 

2h) Quelques remarques sur l'architecture des bâtiments de la Halbergstrasse

 

 

Dans Memotransfront, Rolf Wittenbrock signale que, dès 1945, qu'un groupe d'architectes, autour de Georges-Henri Pingusson (1894-1978), avait, dès 1945, reçu de la Section Urbanisme et Reconstruction du gouvernement militaire la mission d'organiser la reconstruction des villes détruites en Sarre. Avec quelques autres architectes, ce groupe constitua l'"Équipe des Urbanistes de la Sarre". C'est ainsi que furent conçus, entre autres, les plans des immeubles d'habitation du quartier de Bruchwiesen (projet de Marcel Roux). Pingusson, disciple du célèbre architecte Le Corbusier, dessina plus tard les plans du grand bâtiment de l'ambassade de France, actuel ministère des Cultes. Ce fut l'unique projet qu'il réalisa à Sarrebruck [32]. (En raison de problèmes de stabilité ainsi que de chauffage et d'isolation, il est sous le coup d'une obligation globale de restructuration - cf. Saarbrücker Zeitung, 15.10.2010, p. B1 et ibid. 23./24.10.2010, p. B2).

 

Une autre tâche pour les urbanistes a été l'élaboration du nouveau Lycée Maréchal Ney. Il fut construit sur le terrain de l'ancienne caserne de Uhlans, entre la  Halbergstraße et la Mainzerstraße. Les plans avaient été dessinés par Pierre Lefèvre [33], originaire de Marseille. Lefèvre avait également dessiné l'aile à quatre étages, à angle droit avec le bâtiment précédent, qui fut construit en 1953-1954 (à droite sur la photo du Landesarchiv Saarbrücken). En outre, sur le terrain du lycée, furent édifiés, en 1954, un grand gymnase, un internat, ainsi que les logements du personnel administratif.

 

Dans le Lexique artistique de la Sarre (Kunstlexikon Saar), l'auteur, Oranna Dimmig, écrit :

 

« À proximité immédiate du quartier de Bruchwiesen, l'équipe d'urbanistes réalisa un autre projet. Dans la Halbergstraße s'élève le nouveau du "Lycée Maréchal-Ney", édifié sur les plans de Pierre Lefèvre. De même que les immeubles d'habitation, dus à Marcel Roux, ce bâtiment est orienté au Sud. L'entrée et les locaux secondaires ou techniques ont reçu des petites fenêtres et occupent le côté Nord ; au Sud, les espaces principaux, possèdent de très larges surfaces vitrées. Particulièrement notables apparaissent, en saillies appuyées, les saillies bandeaux horizontaux et verticaux, qui donnent relief et articulation à une façade sobrement fonctionnelle. » [34]

 

Rolf Wittenbrock donne la description suivante du bâtiment :

 

"Deux hauts bâtiments, de structure rythmée mais diverse, s'étendent le long de la Halbergstraße. Entre eux, dans la zone d'accès à l'école, se trouve un corps central pour l'administration. À l'Est, un bâtiment de quatre étages, disposé en équerre, édifié postérieurement, constitue par ses volumes un contrepoint aux parties plus anciennes, qui n'ont que deux ou trois étages. Pour autant, tous les bâtiments se fondent dans un ensemble unique grâce au traitement homogène des façades et à l'emploi de toits plats. La caractéristique structurelle générale réside dans les grande surfaces vitrées offertes aux classes exposées au Sud, à l'Est et à l'Ouest ; ce qui, à la manière des précurseurs de cette époque, permet l'entrée de la lumière et de l'air, prenant ainsi en compte les principes architecturaux modernes. En conséquence, les autres éléments des façades, nervures, poutrelles, et renforts , sont très élancés. La symétrie rigide des façades ainsi que la clarté et la légèreté de leur structure, ont été rendues possible par le coffrage de l'ensemble sur place, en 1949. En 1998-1989, les locaux ont été complètement mis aux normes d'hygiène. Plus de la moitié des surfaces consacrées à l'enseignement a été transférée au ministère de l'intérieur voisin. Plusieurs portions de des bâtiments ont été détruites, dont deux salles de sport appartenant au lycée. Les dégâts des façades ont été réparés et des espaces intérieurs redécoupés (…) "

 

Le Lycée franco-allemand n'a pas seulement été la première construction ex nihilo d'une école après la guerre, mais aussi un des premiers chantiers employant le béton armé en Sarre. Selon la protection des monuments, ce bâtiment est un « incunable de l'architecture française des années 1940 » et un exemple très représentatif du réalisme fonctionnaliste sur le sol sarrois. Depuis quelques années, il appartient au patrimoine culturel de notre pays." [35]

 


 


2i)
Points divers de la vie scolaire

 

A) La direction du lycée en 1950

 

 

Debout, de gauche à droite): M Chavanne (Econome), M Chossat (Directeur de l'école primaire), M Carnaud (Surveillant général garçons).

 

Assis, de gauche à droite: Mlle Souillac (censeur de filles), M Pellier (Intendant), M Bourgeois (Proviseur), M Simonin (censeur garçons), Mme Simonin - (Surveillante générale filles).

 

(Photo: Evelyne Lachmann)

 

 

B)  L'infirmerie

 

Le lycée comprenait aussi une infirmerie qui était constamment encombrée. Elle dispensait aux élèves des soins pour les blessures qu'ils avaient pu se faire en glissant ou en tombant dans la cour de récréation ou pendant le sport, et s'étaient couronné le genou. Ce qui arrivait très souvent, car le revêtement rouge était très glissant et était constitué de scories aux arêtes vives. En dehors de cela, tous les élèves étaient radiographiés deux fois par an (cf illustration à gauche) et subissaient un examen physique. Grâce à l'examen du sang et de l'urine, on pouvait, dès leur incubation, déceler les nombreuses maladies qui affectaient les enfants de l'après-guerre, ce qui à cette époque était particulièrement important [Communication d'Erhard Curette]

Photo : examen radiologique (extr. de la brochure [11])


C)  La vie artistique au Lycée Maréchal Ney

 

Si les lycéens bénéficient d'un très bon enseignement général, l'aspect artistique de leur formation n'est pas négligé. Deux professeurs de français, Monsieur Rodier et Monsieur Tocanne ont créé un "Cercle Symphonique". Périodiquement ils nous présentent un compositeur classique, nous parlent de sa vie et de son œuvre. Puis une œuvre est choisie et expliquée. Enfin nous l'écoutons. C'est ainsi que j'ai appris à aimer la musique classique. D'autre part des musiciens renommés sont venus au lycée : Lily Laskine (harpiste célébre), l'orchestre de chambre de la Sarre. Nous sommes allés au Rathaus (hôtel de ville) pour écouter Samson François, grand spécialiste de Chopin. Quand le "Centre dramatique de l'est"présente une pièce de théâtre au "Stadttheater" nous allons la voir. Nous pouvons aussi écouter des œuvres interprétées par la chorale du lycée ou des pièces de théâtre jouées par des élèves de l'établissement. Ainsi la culture artistique n'est pas oubliée.

                                                                                             Pierre ANDRE. Ancien élève du Lycée au cours des années 50   

 

  

D) Le sport avait aussi un rôle important au lycée

On pouvait pratiquer le football, le basket, le volley, l'athlétisme, le tennis et la natation. Le lycée participait souvent à des compétitions sportives. Au début des années 50, il obtint le record de France, catégorie garçons, pour le 50 mètres dos chez les minimes [30].


 

 


 

Les illustrations ci-dessus montrent :

a) Une partie de volley féminin dans la cour

b) Des garçons disputant une partie de basket ; quelle équipe vient de remporter un point ?

Ces deux photos sont tirées de [11]

Les deux illustrations à gauche montrent l'équipe masculine de basket, de la classe de seconde. En 1954, elle joua contre le Lycée de Nice. Le professeur de sport était M. Vergé.


Photos : Jean-Pierre Caylus

 

Après le match perdu (0-5) de l'équipe de foot contre le Lycée de Forbach au Kieselhumes en Novembre 1954.

En novembre 1954, l'équipe de foot du Lycée Maréchal Ney rencontra celle du Lycée de Forbach sur le petit terrain du Kieselhumes. Malheureusement les Sarrebruckois perdirent sur un score de 0 à 5.

Debout, de gauche à droite : Le capitaine de l'équipe de Forbach - Jacky Chavanne - Raymond Müller - Roger Jaquet - Roger Kahn (gardien de but) - Gottfried Hilgert - Jürgen Muhlke.

Accroupis : Jacques Marx - Gérard Menu - Roger Dornier - Norbert Cottong - Roger Cahn [au nom voisin de celui du gardien de but !]

 

 

 

               E)  Une photo de classe de 1956

 

La classe de Math élem de 1956, installée de puis l'année précédente dans les bâtiments de la Halbergstraße. Albert Neyret, professeur, est assis au centre du premier rang, Jean Kind (2e rang, 1er à g.), réalisa le portrait de son professeur le dernier jour de l'année ; mais celui-ci lui confisqua la feuille, la rangea et la garda. Cinquante-trois ans après, en 2009, à l'occasion d'une rencontre d'anciens, il la montra fièrement à ses anciens élèves. Jean Kind l'a reproduite ici.

 



F)  
Impressions du bal de la Saint Charlemagne

(Novembre 1955, dans la Salle des Fêtes du « Nouveau Ney »)

Chaque année, à la Saint Charles (le dernier vendredi de Janvier), en l'honneur de Charlemagne (Carolus Magnus, Karl der Große) adopté en France comme patron des élèves méritants, le lycée organisait une soirée festive avec un bal rassemblant enseignants, parents, personnel administratif et élèves à partir de la seconde. Les élèves y jouaient parfois des petites comédies caricaturant leurs professeurs, et le tout se terminait dans une fête bon enfant autour de tables où on sablait le champagne. (Texte et photos: Jean Kind.)
 

Georges Roussy écoute ce que M. Vautard (maths)
dit à M. Piquemal (français).

M. Vautard (maths) danse avec une de ses bonnes élèves:
Agnès Verdillon

M. Grossmann (hist-géo), M. Vergé (éd. physique),
M. Neyret (maths, caché), M. Vautard (maths., de dos)

Georges Roussy danse avec Mme Neyret.


 

 

 

3a) 1957 à 1961: Des années d'incertitudes du lycée après le refus du statut de la Sarre par les Sarrois

Après que les Sarrois, par le référendum du 23 octobre 1955, eurent rejeté le Statut de la Sarre, il apparut très vite que la Sarre allait être rattachée à l'Allemagne. Ce qui eut pour résultat que de nombreux Français qui, en Sarre, travaillaient par exemple dans l'administration ou auprès du gouvernement ou à la douane, quittèrent le pays.

Les conséquences pour le Lycée Maréchal Ney seront brièvement développées dans ce paragraphe, encore en chantier.

 


 

 

3b) De 1961 à aujourd'hui: Lycée Franco-Allemand (LFA) Sarrebruck

 

 

En 1961, le Lycée franco-allemand (LFA) fut fondé dans les locaux du Lycée Maréchal-Ney, dont il prenait la succession. Le 25 septembre, il était inauguré officiellement. Sa mission culturelle et politique particulière est d'être un établissement transfrontalier servant la compréhension franco-allemande. Les élèves sont fortement incités à pratiquer la langue de l'autre partenaire, si bien qu'il acquièrent une aptitude bilingue correcte. Ils possèdent de plus une connaissance complète des deux langues. Le Lycée est fréquenté par plus de 1 000 élèves.

 

 

Extrait du site dfg-lfa.org :

Qui sommes-nous ?

Nous sommes un collège-lycée franco-allemand de 1000 élèves encadrés par 90 adultes

  • où vivent et travaillent ensemble des élèves et des professeurs originaires de deux cultures différentes et ayant deux langues maternelles différentes ;
  • où se rencontrent, se confrontent et s’enrichissent mutuellement deux systèmes scolaires et deux modes d’évaluation différents ;
  • où s’élabore progressivement une synthèse des deux systèmes avec le souci d’en tirer ce qu’il y a de meilleur.

 

 

Que voulons-nous ?

 

Faire des élèves qui nous viennent de la région SAAR-LOR-LUX des citoyens de l’Europe
  • en les faisant vivre et travailler quotidiennement ensemble ;
  • en en faisant des citoyens trilingues ;
  • en leur apportant les compétences transculturelles appropriées ;
  • en leur donnant le désir d’aller vers les autres, de s’enrichir de leurs expériences et de partager les leurs avec eux.
  • en proposant une progression pédagogique adaptée à des élèves originaires de familles biculturelles, à des enfants qui disposent déjà d’une certaine maîtrise de la langue du partenaire, à des enfants français amenés à s’immerger dans la culture allemande, à des enfants allemands ayant suivi une scolarité française.

Comment faisons-nous ?

  • Nous renforçons l’enseignement dans la langue du partenaire dès l’entrée au LFA, c’est-à-dire en 6ème de collège et en Fünfte de section allemande.
  • Nous mettons en place des tandems d’enseignants des deux langues dès la 6ème.
  • Tous les élèves apprennent l’anglais dès la 6ème.
  • Les élèves sont regroupés en classes différenciées selon leur origine scolaire française ou allemande en 6ème et 5ème.
  • Les élèves des deux langues maternelles sont mélangés dans les classes dès la 4ème (hormis certains enseignements).
  • Au fur et à mesure de sa progression scolaire l’élève va rencontrer de plus en plus de matières enseignées dans la langue du partenaire.
  • Un baccalauréat spécifique (Baccalauréat Franco-Allemand) permet d’organiser les apprentissages en fonction de programmes scolaires adaptés à nos objectifs et reconnus par les deux pays.
  • Chaque professeur enseigne dans sa langue maternelle.

 

Si vous désirez plus d'informations sur le LFA, veuillez consulter son site dfg-lfa.org ou vous adresser au secrétariat de l'école.

 

Photos du paragraphe 3b) : Rainer Freyer, 2010.


 

 

     La photo en bas montre la Statuette du Maréchal Ney, remis en cadeau par Gilbert Grandval au directeur du Lycée Maréchal Ney en 1949

     à l'occasion de l'inauguration du nouveau bâtiment dans la Halbergstraße (voir au-dessus, au paragraphe 2e) als Geschenk überreichte.       Photo: Jean Kind.

 

Annotations:

 

[1] Küppers, Heinrich. Bildungspolitik im Saarland 1945 - 1955. Veröffent-      lichungen der Kommission für saarländische Landesgeschichte und      Volksforschung XIV. Saarbrücken 1984. S. 113, Anm. 271.

[2] Küppers, ibd. S. 166, Text und Anm. 160a.

[3] Wirtschaftliches und kulturelles Handbuch d.Saarlandes. 1955. S. 27.

[3a] Adressen aus: Unterricht Erziehung, Band Saarland. Paulus Rehm

       Verlag München, o. D., etwa 1954/55.

[4] Küppers, ibd. S. 166. Anm. 163.

[5] Amtsblatt des Regierungspäsidiums Saar, Nr. 2/1946 vom 28.02.1946

[6] Amtsblatt des Regierungspäsidiums Saar, Nr. 9/1946 vom 28.04.1946

[7] Wittenbrock, Rolf. Vom Collège Maréchal Ney zum Deutsch-Franzö-

     sischen Gymnasium. In: Deutsch-Französisches Gymnasium (Hg.)

     Deutsch-Französisches Gymnasium 1961–1986. Saarbrücken 1986.

     S. 17

{8] L'enfant et nous. Revue française et internationale d'information

    culturelle et sociale. No.10. Paris, o.J. [ca.1953].

[9] Wittenbrock, ibd. S. 17-29.

[10] Küppers, Heinrich. Bildungspolitik. (Siehe Anm. 1.)

[11] Mission Diplomatique Française en Sarre (Hg.). Lycée Maréchal

      Ney Sarrebruck. Saarbrücken, o.J. [1953].

[12] M. Bourgeois. Le lycée français de Sarrebruck. In: L'enfant et nous.

      [Siehe Anm. 8.] [S. 27f.]
[13]
Info: Jean Kind.
[14] Info: Jean Kind.
[15] Saarbrücker Adressbuch von 1936.

[16]
Saarbrücker Adressbuch ab 1952/53.
[17] Wittenbrock, ibd. S.17.
[18] M. Bourgeois, ibd. S. 27.
[19] M. Bourgeois, ibd. S. 27.
[20] Wittenbrock, ibd. S. 18.
[21]
Info: Jean Kind.
[22]
M. Bourgeois, ibd. S. 27.
[23] Fünf Jahre Bauen an der Saar. Sonderausgabe des "Bau-Anzeiger für das Saarland". Saarbrücken 1952. S. 40.
[24] M. Bourgeois, ibd. S. 27.
[25] Wittenbrock, ibd., S. 19.
[26] "Eine Kulturstätte europäischen Formats. Das neue Gebäude der Maréchal-Ney-Schule seiner Bestimmung übergeben." In: "Saar-        Volksstimme" vom 8. November 1949.
[27] M. Bourgeois, ibd. [S. 28].
[28] Mission Diplomatique Française en Sarre. Ibd. S. 6 und 7
[29] Wittenbrock, ibd. S. 20.
[30] Küppers, ibd. S. 51; Von der Stunde 0 zum Tag X, S. 265.
L'enfant et nous. Revue française, ibd. [S. 28].
[31] Küppers, ibd. S. 166, Anm. 163.
[32] Wittenbrock, Rolf. Deutsch-Französisches Gymnasium Saarbrücken. In: Memotransfont:
      http://www.memotransfront.uni-saarland.de/dtfrz_gymnasium.shtml
[33] Die Nennung des Vornamens "Michel" in "memotransfront " beruht (wie der Autor bestätigt) auf einem Irrtum.
[34] Oranna Dimmig. Die französischen Urbanisten an der Saar 1945 bis 1947. In:
Kunstlexikon Saar: Architektur.
       http://www.kunstlexikon-saar.de/architektur/artikel/-/aspekte-die-franzoesischen-urbanisten-an-der-saar-1945-bis-1947/100/  

[35] wie Anm. [32]


 

  Sources et Littérature

 

- Küppers, Heinrich. Bildungspolitik im Saarland 1945 - 1955. Veröffentlichungen der Kommission für saarländische Landesgeschichte
  und Volksforschung XIV. Saarbrücken 1984. S. 113, Anm. 271.

- Wittenbrock, Rolf. Vom Collège Maréchal Ney zum Deutsch-Französischen Gymnasium. In: Deutsch-Französisches Gymnasium (Hg.),
  Deutsch-Französisches Gymnasium 1961–1986, Saarbrücken 1986. S. 17-29.

- Wittenbrock, Rolf. Deutsch-Französisches Gymnasium Saarbrücken. In: Rainer Hudemann unter Mitarbeit von Marcus Hahn, Gerhild
  Krebs und Johannes Großmann (Hg.): Stätten grenzüberschreitender Erinnerung - Spuren der Vernetzung des Saar-Lor-Lux-Raumes im 19.   und 20. Jahrhundert. Lieux de la mémoire transfrontalière - Traces et réseaux dans l’espace Sarre-Lor-Lux aux 19e et 20e siècles,
  Saarbrücken 2002, 3., technisch überarbeitete Auflage 2009. Publiziert als CD-ROM sowie im Internet unter
   www.memotransfront.uni-saarland.de. URL des zitierten Artikels: http://www.memotransfront.uni-saarland.de/dtfrz_gymnasium.shtml

- Kunstlexikon Saar. Ein Forschungsprojekt des Instituts für aktuelle Kunst im Saarland an der Hochschule der Bildenden Künste Saar.   Architektur. http://www.kunstlexikon-saar.de/architektur/artikel/-/aspekte-die-franzoesischen-urbanisten-an-der-saar-1945-bis-1947/100/

- Mission Diplomatique Française en Sarre (Hg.). Lycée Maréchal Ney Sarrebruck. Saarbrücken, o.J. (1953).

- L'enfant et nous. Revue française et internationale d'information culturelle et sociale. No.10. Paris, o.J. (ca.1953). [Ohne Seitenzahlen].



 ANNEXE
 

 

Organisation des Etudes au Lycée Maréchal Ney entre 1946 et 1959

par Jean Kind, Sélestat, ancien élève du Lycée. (Lisez aussi ses souvenirs de cette époque.)

 

Le cycle d'études à l'école, au collège et au lycée Maréchal Ney dans les années 1946-1956, et probablement jusqu'au moment où l'établissement est devenu le DFG (Deutsch-Französisches Gymnasium), depuis les petites classes du primaire jusqu'au baccalauréat en terminale, était relativement simple et clair.

La scolarité francophone comportait trois cycles :

A) L'école primaire où les classes allaient de la 12ème jusqu'à la 7ème (6 années).

12ème et 11ème (cours préparatoire), aujourd'hui CP1 et CP2 ; c'étaient deux classes où on commençait par le jeu à éveiller les petits à l'alphabet, aux lettres et aux chiffres, aux collages et coloriages ainsi qu'aux leçons de choses.

10ème et 9ème (cours élémentaire), aujourd'hui CE1 et CE2 ; les enfants commençaient à lire, écrire, calculer, dessiner et à exercer leur mémoire en comprenant et retenant leurs lectures.

8ème et 7ème (cours moyen), aujourd'hui CM1 et CM2 ; les élèves apprenaient la grammaire, l'orthographe, l'arithmétique, l'histoire de France, la géographie de la France, et développaient leur mémoire en apprenant de nombreuses récitations. Ils recevaient des leçons de morale, de civisme, apprenaient la discipline et le respect dû aux grandes personnes et en particulier à l'instituteur. 

Ce cycle était sanctionné par le "certificat d'études" qui prouvait une culture de base permettant aux enfants qui le voulaient de quitter l'école pour aller apprendre un métier.
En fin de classe de 7ème c'était aussi le moment de passer "l'examen d'entrée en 6ème" pour ceux qui voulaient entrer au collège et continuer leur scolarité.

B) Le collège où les classes allaient de la 6ème à la 3ème (4 années)
- Les filles étaient séparées des garçons
- Il y avait deux sections : "Classique (C)" et "Moderne (M)". En classes C on apprenait le Latin et le Grec. En classes M on apprenait une, puis deux langues vivantes, une première en 6ème et 5ème, avec la seconde en 4ème et 3ème. Les deux langues vivantes étaient l'allemand et l'anglais.
- L'enseignement comportait aussi les mathématiques, le français, l'histoire, la géographie, les sciences naturelles, l'histoire de l'art, l'éducation physique.
- Une troisième section était appelée "classes sarroises" de la 6ème à la 4ème incluse ; elle était destinée aux élèves sarrois afin de leur permettre une meilleure assimilation du français nécessaire à leur regroupement avec les élèves français en classe de 3ème ; les plus avancés rejoignaient les classes françaises déjà en 5ème ou en 4ème. 

Ce cycle conduisait en fin de 3ème à un examen qui délivrait le BEPC (Brevet d'Etudes du Premier Cycle du second degré). En fin de cycle certains élèves quittaient l'établissement pour soit entrer dans la vie active (apprentis chez un patron), soit entrer à l'Ecole Normale (pour devenir instituteur). Les autres entraient au lycée, le BEPC faisant foi de leur aptitude.

C) Le lycée dont les classes vont de la 2ème à la "terminale". (3 années).
- Il y avait en plus au lycée Maréchal Ney, après cette dernière classe, deux classes préparatoires aux grandes écoles (Math-Sup. et Math-Spé.) qui ont cessé d'exister en fin 55 par manque de candidats ; les prétendants sont alors allés à Strasbourg ou à Nancy.
- Deux sections existaient pour les classes de 2ème et 1ère ; Une section "Classique A, B" pour les études plutôt littéraires, et une section "Moderne C,M" pour des études plutôt scientifiques. Bien entendu les "Classique" du premier cycle bons en sciences pouvaient virer vers le "Moderne " du second cycle, et inversement les "Moderne" faibles en sciences au premier cycle pouvaient entrer dans le "Classique" du second cycle. C'était assez souple et il y avait peu d'echecs scolaires ; Cependant la proportion d'élèves qui faisaient ce virement était faible.
- Un "Baccalauréat 1ère partie" sanctionnait le "tronc commun" des classes de 2ème et 1ère et ouvrait le droit à ceux qui l'avaient réussi à entrer en terminale.
- La terminale comportait trois possibilités : Mathématiques élémentaires (Math-Elem), Sciences Expérimentales (Sc-Ex), Philosophie (Philo).
* La première donnait une formation élémentaire aux sciences exactes (Maths, Physique, Chimie). Elle ouvrait la voie aux études supérieures (sciences fondamentales, Math Sup, Math Spé, puis entrée aux grandes écoles).
* La seconde délivrait une formation orientée vers les études supérieures universitaires en sciences appliquées (Physique, Chimie, Botanique, Biologie, Géologie, Pharmacie, Médecine...).
* Quant à la classe de Philosopie elle conduisait aux études supérieures humanistes (Droit, Commerce, Social, Comptabilité, Gestion, Secrétariat.....).
- En fin de terminale l'examen était le "Baccalauréat 2ème partie" qui ouvrait aux lauréats le droit d'accès aux études supérieures (Universités, classes préparatoires et entrée aux grandes écoles telles Hautes Etudes Commerciales -HEC- , l'X -Polytechnique-, Ecole Centrale -Direction d'entreprises publiques ou privées-, Normale Sup - Enseignement, Professeurs-, ENI -Ecoles Nationales d'Ingénieurs-, Ecole des Mines..... etc.).

Après leur baccalauréat beaucoup d'élèves passaient à l'université, quelques-uns entraient en classes préparatoires, certains se dirigeaient vers l'enseignement et d'autres embrassaient une carrière militaire. Il y avait une majorité de filles qui entraient à l'université, peu d'entre-elles entraient en grande école à cause de la longueur, difficulté et sévérité des études, mais bon nombre étaient en âge de se marier pour fonder une famille. Elles étaient quand même nombreuses à embrasser une profession après deux ou trois ans d'études supérieures universitaires ou écoles ouvertes aux métiers féminins (secrétaires, comptables, laborantines, puéricultrices, infirmières, institutrices ....) dans le privé ou dans le public
.


COMMENTAIRES (de Jean Kind):
Le cursus scolaire des années 40, 50 et 60 (jusqu'en 68, année de la soi-disant révolution culturelle en France où c'est plutôt le chaos qui s'est installé) était relativement simple et clair. Il était très efficace pour amener les gens à la vie active. Sa finalité n'était pas d'apprendre aux individus un métier mais de dispenser un savoir fondamental, une culture générale qui permettait d'accéder à une profession ou d'aborder des études supérieures pour devenir cadre. Il n'était pas destiné à former directement les gens à une spécialité; Il formait des êtres intelligents adaptables à toutes sortes de métiers et non pas des robots perdus hors de leur spécialité. C'était quand même du point de vue social une bien meilleure ouverture vers l'emploi.    

 

 

Cette page fut commencée le 10 novembre 2012 et modifiée pour la dernière fois le 14 avril 2017                  

 

 

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